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L’accès à la terre, enjeu de convoitises
La terre est perçue comme une ressource aux fonctions multiples : une fonction sociale comme objet de sécurisation, d’intégration dans un espace, d’héritage ; une fonction environnementale de régulation des écosystèmes ; une fonction économique à travers ses ressources et son exploitation propre et une fonction culturelle et identitaire forte.
Ses fonctions s’entremêlent et l’accès au foncier devient un enjeu, parfois vital et souvent conflictuel : Qui en détient la propriété ? Qui jouit de son exploitation ? Aux dépends de qui ? Car c’est à travers ce prisme distinctif que le foncier est observé, à défaut d’un bien commun. Les voies d’attribution et de reconnaissance sont complexes et mêlent des systèmes coutumiers (légitimité, transmission, reconnaissance, etc.) à des systèmes administratifs (registres, cadastres, titres de propriété, etc.). La coexistence de ces systèmes, les intérêts multiples et les contextes sociaux et politiques, induisent une marginalisation d’une partie de la population dans l’accès à la terre, en particulier pour les femmes, les jeunes et certaines communautés.
Les systèmes tendent à se clarifier mais les enjeux contemporains accroissent la pression sur le foncier et son accès, en permettant à de nouveaux acteurs économiques extérieurs de prétendre à occuper des espaces : l’adaptation des systèmes agricoles et pastoraux, l’évolution du climat et la modification de certains écosystèmes, les grands projets d’aménagement et d’exploitation des ressources souterraines, les réformes et mise en place d’outils et instruments législatifs et urbanistes, etc.
C’est au cœur de ces systèmes complexes que plusieurs organisations partenaires œuvrent pour accompagner les populations dans la sécurisation de leur foncier et conduisent des actions de plaidoyer à destination des autorités publiques et coutumières pour favoriser une gestion collective et raisonnée des espaces, en revendiquant le droit foncier.
L’Alliance des chefs traditionnels et coutumiers du Bénin – Un acteur à la croisée des enjeux de pouvoir
La Convergence Globale des Luttes pour la Terre et l’Eau en Afrique de l’Ouest (CGLTE-AO) est un mouvement social de paysans et défenseurs des droits humains comptabilisant 15 plateformes nationales membres, dont la mission est la lutte contre l’accaparement des ressources naturelles et des violations des droits humains inhérents aux situations d’accaparement. Elle exerce cette mission par la mise en lumière de situations notamment et l’influence des chefs traditionnels et décideurs politiques pour reconnaître et sécuriser l’accès commun aux ressources, leur protection et celle des droits de leurs usagers.
Dans cet objectif, la CGLTE a initié une rencontre avec les chefs traditionnels et coutumiers du Bénin qui disposent d’un poids important dans la gouvernance foncière à l’échelle d’un territoire. Cette session avait pour objectif le partage des enjeux de la gouvernance foncière, et d’assurer leur implication en vue de l’organisation du prochain Forum Social Mondial (2026), dont la CLGTE a reçu l’honneur de l’attribution à Katmandou en 2024.
A l’issue de cette rencontre, les représentants des rois du Bénin ont pris des engagements à travers une déclaration solennelle promettant notamment de faciliter le dialogue entre toutes les parties prenantes, de défendre les victimes d’accaparement massifs de patrimoines fonciers communs ou encore de prendre part activement aux actions d’information et de sensibilisation pour l’accès des femmes et des jeunes à la terre.
Avec l’UACDDDD, vers des formes collectives et holistiques de gouvernance territoriale
L’Union des Associations et Coordinations d’associations pour le Développement et la Défense des Droits des Démuni.es (UACDDDD) a beaucoup œuvré pour l’adoption d’une politique foncière (2017). L’objectif était notamment de porter une attention particulière sur un régime foncier, non pris en compte jusqu’ici, les terres agricoles des communautés rurales, reconnaissant ainsi les droits fonciers coutumiers légitimes des communautés rurales. Elle anime le mécanisme d’application de ce régime via les Commissions Foncières Villageoises (COFOV – 2018) permettant de sécuriser les terres, prévenir et gérer les conflits, donner un rôle légitime aux chefs de village, et un rôle plus affirmé aux femmes et aux jeunes. Le processus de mise en place des COFOV est un processus itératif en 10 étapes.
En 2023, l’UACDDDD a accompagné le démarrage de la 9e étape du processus que constitue un « terroir en agroécologie paysanne », dans la commune du Mandé, à travers un diagnostic. En 2024, l’Union a accompagné les acteurs dans la constitution et l’animation d’un Collectif Terroir en Agroécologie Paysanne (CTAEP) en renforçant notamment les membres sur des pratiques durables de protection et de valorisation des écosystèmes présents (y compris l’agriculture) ; l’animation du collectif et des assemblées villageoises ; l’expérimentation d’activités économiques collectives et solidaires ; et des actions de valorisation et communication sur les terroirs du Mandé. Il est aujourd’hui fonctionnel et s’est bien approprié l’approche holistique de l’agroécologie paysanne, et le modèle commence à s’exporter à d’autres communes.