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Journée de promotion de la riziculture nigérienne

La riziculture, vers une production sous-régionale coordonnée ?

L’agriculture est un pilier fondamental du développement socio-économique en Afrique de l’Ouest, contribuant significativement à la sécurité alimentaire et à la lutte contre la pauvreté. La riziculture en particulier occupe une place stratégique en raison de sa place dans l’alimentation des populations (2e céréale la plus consommée), et dans la création d’opportunités économiques locales. Aliment de base pour de nombreux ménages ouest-africains, le riz est un produit clé des politiques agricoles régionales, telles que la politique agricole de l’Union Africaine et la Politique Agricole de la CEDEAO (Offensive Riz).

A l’échelle de l’Afrique de l’Ouest, les besoins sont couverts à 62% par la production sous-régionale. L’un des enjeux principaux des initiatives politiques est d’améliorer ce taux pour diminuer la dépendance au riz importé. Des conditions sont alors nécessaires : un accès sécurisé aux facteurs de production ; des chaînes d’approvisionnement efficaces, compétitives et justes pour les acteurs ; et en particulier les exploitations familiales ; L’amélioration des infrastructures, notamment de transformation et d’irrigation ; L’adoption de techniques agricoles modernes et de semences adaptées aux conditions climatiques.

Le CRCOPR - Un maillon important dans la reconnaissance des riziculteurs ouest-africains – Organisation d’une caravane paysanne au Mali

Le Cadre Régional de Concertation des Organisations de Producteurs de Riz d’Afrique de l’Ouest (CRCOPR) développe de nombreuses initiatives pour assurer une meilleure participation des riziculteurs dans les processus politiques. Le CRCOPR, dont les plateformes nationales sont membres, est un acteur reconnu et essentiel dans les différents espaces de concertation du développement des filières rizicoles en Afrique de l’Ouest, en particulier quant à la défense des intérêts des riziculteurs.

Du 11 au 16 novembre 2024, le CRCOPR a organisé la 6e édition de la Caravane Paysanne, au Mali, dans le but d’informer et de sensibiliser les riziculteurs et rizicultrices sur les grands enjeux et défis liés au développement de la filière riz, et recueillir leurs préoccupations à adresser aux décideurs. Cette caravane a traversé 4 régions administratives, 5 bassins de production sur plus de 1 600 km, et permis la rencontre avec environ 350 producteurs et des représentants des autorités traditionnelles et politiques.

Des journées nationales de promotion de la riziculture

Parmi la multitude des activités développées par les plateformes nationales, 2 événements auxquels SOS Faim a participé sont à mettre en évidence, tant par leur envergure que par l’espace de dialogue et de médiatisation ouvert :

La Fédération des Unions de Coopératives de Producteurs de Riz du Niger (FUCOPRI) a organisé les journées promotionnelles du riz. Cet événement a permis de rassembler 600 participants et 3 000 visiteurs dont les autorités nationales, dans le but de promouvoir les efforts consentis et les enjeux de la filière. Deux débats à vocation de plaidoyer ont été organisés sur les conséquences de la non-implication des producteurs dans la mise en œuvre des programmes politiques, et la bonne gouvernance dans les coopératives et les sociétés de transformation. Ces journées étaient également l’occasion de médiatiser les engagements pris par les différents acteurs et en particulier ceux du gouvernement nigérien en faveur du développement de la filière.

Un mois plus tôt, le Conseil de Concertation des Riziculteurs du Bénin (CCR-B) a organisé la journée de promotion du riz béninois. Cet événement visait à mettre en lumière la filière rizicole béninoise aux yeux des citoyens, et en particulier le riz produit de manière agroécologique et demander un soutien accru des acteurs au développement durable de la filière. Les débats ont permis de discuter des défis relatifs à la mobilisation de la matière première, à la qualité du riz, et à la transparence des processus d’achat. Des suggestions ont ainsi été émises pour améliorer la compétitivité du riz béninois, notamment en finançant la recherche. Les engagements pris par les représentants des ministères ont ouvert la voie à un plaidoyer des acteurs pour exiger un plus grand soutien politique.

La réponse coordonnée à différentes échelles pour améliorer la production régionale de riz est d’autant plus importante qu’elle se confronte aujourd’hui à de nouveaux défis tels que l’adaptation des pratiques et des territoires aux changements climatiques, les tensions émergentes entre les états de la sous-région pouvant impacter les relations commerciales au sein de l’espace ouest-africain, et d’une démographie croissante.